En France selon l’ONPE, un ménage sur dix est en situation de précarité énergétique, soit 6 millions de personnes contraintes de consacrer plus de 8 % de leurs revenus à l’énergie. Pour les plus modestes, rénover leur logement énergivore est hors de portée : les solutions qui restent sont alors un endettement progressif ou la privation d’énergie. Face à cette impasse, deux initiatives complémentaires sont nées, toutes deux financées par les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE) : les programme Slime et  Territoires Zéro Exclusion Énergétique.

Un acteur de terrain et une action renforcée pour les plus démunis

Porté par le réseau CLER depuis 2013, le Slime (Service local d’intervention pour la maîtrise de l’énergie) est un outil à destination des collectivités pour organiser le repérage et l’orientation des ménages en précarité énergétique, quel que soit le statut d’occupation.

La méthodologie, éprouvée auprès de plus de 100 000 ménages, commence par une visite à domicile (un diagnostic « sociotechnique ») pour comprendre la situation sociale du ménage et ses usages de l’énergie, évaluer l’état du logement et, finalement, orienter vers les bons interlocuteurs (travaux, accès aux droits et aux aides, médiation avec le bailleur, réajustement des abonnements d’énergie, etc.).

Le programme prend en charge jusqu’à la moitié des coûts liés à son déploiement sur le territoire et propose de nombreux outils à destination des collectivités et des chargés de visites à domicile (des formations, un MOOC, des guides, des temps d’échanges…).

De son côté, le programme Territoires Zéro Exclusion Energétique, porté par l’association Stop à l’Exclusion Énergétique fondée en 2020, peut prendre le relai pour les propriétaires occupants chez qui la réalisation de travaux est nécessaire, en se concentrant sur les situations les plus complexes : ménages aux ressources très faibles, troubles cognitifs, isolement… Elle offre au MAR (Mon Accompagnateur Rénov’) les moyens de mettre en place un accompagnement renforcé en complétant la prime de l’ANAH ; c’est donc davantage de temps et de moyens qui peuvent être dédiés aux situations les plus complexes. La formation d’ensembliers solidaires qu’elle anime permet la montée en compétence de ces mêmes opérateurs MAR. A travers son programme Territoires Zéro Exclusion Énergétique, elle déploie aussi des coordinateurs locaux pour conjuguer les efforts et tisser un réseau d’acteurs.

 

Deux dispositifs, mais une équipe unie au service du bénéficiaire

Dans des territoires comme la Communauté de Communes du Kreiz Breizh (CCKB) ou le Département de la Mayenne, ces deux dispositifs forment aujourd’hui une seule équipe coordonnée pour garantir au bénéficiaire un parcours fluide et cohérent.

A la CCKB, un “partenariat d’échange” a été mis en place ; selon les besoins du ménage au cours de l’accompagnement, il pourra être amené à dialoguer avec les acteurs du Slime ou du Territoire Zéro Exclusion Energétique. Cet échange peut avoir lieu lors de l’identification, lorsque le Slime repère une situation complexe et la confie au programme Territoire Zéro Exclusion Energétique ; leur travail en est alors facilité, puisque les besoins du ménage ainsi que ses ressources ont déjà été qualifiés par les équipes du Slime. Et inversement, lorsque la situation se bloque, les acteurs du programme Territoire Zéro Exclusion Energétique peuvent compter sur le lien fort établi par l’équipe du Slime lors de ses visites au domicile du bénéficiaire pour relancer son engagement.

Aujourd’hui, ce fonctionnement a fait ses preuves à la CCKB puisque 16 des 40 accompagnements du programme Territoires Zéro Exclusion Energétique viennent d’une première identification par le Slime. En Mayenne, l’intégralité des ménages pris en charge par le programme a été identifié via le Slime, piloté par le Conseil Départemental.

 

Une dynamique à amplifier  

Au travers de ces exemples, nous souhaitons souligner qu’une bonne articulation entre acteurs locaux, accompagnateurs et financeurs, permet de réduire les ruptures de parcours et d’augmenter significativement le taux de rénovation chez les publics les plus fragiles.
Pour aller plus loin, les collectivités peuvent contribuer à cette dynamique en rejoignant le programme Slime ou l’association Stop Exclusion Energétique, car chaque ménage sorti de la précarité énergétique représente bien plus qu’un gain thermique : c’est une vie rendue plus digne, un territoire plus solidaire et un climat mieux préservé.